Une fête du travail en confinement

DECLARATION A L’OCCASION DE LA FÊTE DU TRAVAIL DU 1ER MAI
Moroni le 30 avril 2018
En ce jour de fête du travail, la place et la déclaration du Mouvement des Entreprises Comoriennes (MODEC) comme Patronat le plus représentatif et acteur tripartite dans le dialogue social, sont bien justifiées. Certes, cette fête a pris sa source dans la revendication des travailleurs pour le respect du code du travail, mais de nos jours c’est le dialogue entre travailleur et employeur qui est promu. Les Organisations internationales font donc appel aux employeurs à s’intéresser de plus en plus au dialogue social car selon des études les meilleures entreprises de nos jours sont celles dans lesquelles les employeurs acceptent de considérer les travailleurs, de le protéger et en même temps protéger l’activité. Ensemble ils apportent des solutions pour le développement de l’entreprise. Grâce à cela, l’employé se sent travailler dans une entreprise qui lui concerne, et la défend aussi pour ses intérêts.
Mais cela nécessite des préalables que chez nous, aux Comores, ne sont pas encore observés.
En effet, il existe des instruments en matière du droit de travail tels que le code du travail, les textes sur la caisse nationale de sécurité et de prévoyance sociale et sur la caisse de retraites des Comores mais qui ne sont pas respectés.
De même des services et institutions comme l’inspection du travail ou encore le tribunal du travail sont en place mais que les acteurs sociaux en ont peu de confiance.
Des institutions comme la Caisse Nationale de Sécurité et de Prévoyance Sociale et la Caisse de Retraite des Comores, elles aussi ont perdu confiance auprès des acteurs sociaux. Plus encore, il y est observé un manque de transparence en termes de services mais aussi des avantages inéquitables entre secteur public et secteur privé. La non application des textes, le non fonctionnement correctement et la non stabilité des institutions relatives au travail.
Il est observé aussi chez nous, le non-respect des engagements envers les partenaires ou leur manque de suivi notamment avec le Bureau International du Travail (BIT) dans la mise en œuvre du Programme Pays pour le Travail Décent (PPTD) 2015-2019.
En ce qui concerne le salaire minimum (SMIG) puisque nous sommes dans le dialogue social, on parle plutôt d’un consensus non trouvé que de blocage. En effet le conseil consultatif du travail et de l’emploi (CCTE) qui regroupe notamment le Ministère de l’Emploi, les organisations les plus représentatives des travailleurs et des employeurs, n’est plus opérationnel dès le moment où la question du SMIG n’a plus trouvé de consensus.
Mais justement, le rôle du Ministère de l’Emploi est de pouvoir veiller au bon fonctionnement de ce conseil, de le faire perdurer dans le temps, jusqu’à trouver des solutions partagées par toutes les parties.
Sur cette question de SMIG, encore faut-il que les travailleurs respectent, entre autres, les heures du travail ou qu’ils aient encore une culture de productivité en entreprise.
Le Secteur Privé a passé une année 2017 au cours de laquelle il a été très peu consulté sur des réformes importantes qui impactent directement la situation socioéconomique notamment l’adoption de la loi de finances ou d’autres textes similaires. Même dans les institutions où il est légalement représenté, notamment à la Caisse Nationale de Sécurité et de Prévoyance Sociale des débats de représentativité qui n’ont pas lieu d’être sont soulevés.
Dans tout cela, le Mouvement des Entreprises Comoriennes regrette aussi une faible implication du Ministère de l’Emploi, garant du système du travail en Union des Comores, sur le respect des textes correspondants et le bon fonctionnement des institutions y relatives.
Par conséquent, sur tous ces points, le Mouvement des Entreprises Comoriennes (MODEC) tient à déclarer ici son engagement a bien vouloir accompagner la politique du Chef de l’Etat à créer 3000 emplois mais à condition qu’à tous les niveaux et par rapport au contexte qui nous réunit aujourd’hui :
- le Ministère d’emploi s’implique, comme garant sectoriel du respect textes et du bon fonctionnement des institutions et acteur tripartite ;
- les textes soient respectés ;
- les institutions fonctionnement normalement ;
- le patronat est régulièrement consulté ;
- les acteurs tripartites du dialogue social acceptent de s’asseoir régulièrement entre Ministère de l’emploi, travailleurs et employeurs pour s’entendre sur des solutions respectant les textes et en même temps qui vont satisfaire toutes les parties et tout le monde.
Le Mouvement des Entreprises Comoriennes, en sa qualité de patronat, d’organisation du Secteur Privé, tient à faire comprendre que les emplois ne pourront être créés et maintenus que si les conditions de travail sont réunies. De cela découle :
- le respect des textes, que je rappelle « dans le monde des affaires, il n’existe pas de texte pour l’homme, pour la femme ou pour le jeune ; le même s’applique pour tous ». Mais je tiens à attirer l’attention que malgré cela, le MODEC est partisan de la promotion du genre et de la lutte contre le travail des enfants ; concerne en même temps ;
aussi, les emplois ne pourront être créés et maintenus que si :
- les élèves sont orientés très tôt sur les besoins du marché de l’emploi ;
- les étudiants sont réellement des chercheurs d’emploi compétents et qualifiés ;
- les travailleurs aient la culture de productivité en entreprise ;
- l’environnement des affaires est assaini qui se traduit par :
→ la transparence des procédures administratives, d’imposition et de taxation ainsi que leurs coûts respectifs ;
→ l’octroi de crédit pour faciliter l’investissement et la création d’entreprise ;
→ l’accès à l’eau, l’électricité, l’énergie ;
→ l’appel aux marchés publics ;
→ la protection des investissements nationaux ;
→ la lutte contre le travail informel ;
→ ou encore la sécurité juridique ;
→ la régulation du marché du travail traduit par la souplesse de la réglementation du travail et aspect de la qualité de l’emploi ;
→ tout cela, sous la consultation des acteurs du Secteur Privé à travers notamment le dialogue public privé et le dialogue social ou encore sa représentation dans les différentes institutions.
Ainsi, et en respectant tout cela, le prochain 1er mai nous nous réunirons une fois de plus non pour évoquer des difficultés basiques mais plutôt pour trouver des solutions de réajustement pour le développement socio-économique.
C’est dans ce sens que nous, Mouvement des Entreprises Comoriennes (MODEC), sommes concernés par cette fête du travail, pour déclarer la protection des employeurs, pour le développement économique et pour la création d’activités génératrices de revenus, de production locale et de la promotion de cette dernière à l’étranger.
Le Directeur Exécutif du MODEC
Mouzaoui Amroine